LogBook 2016-12-01: 13N32W – 13N33W

07:30 Je barre à la main pour soulager les batteries. Le voltage est tombé à 11,8 mais le soleil va arranger celà. La “Direction” va du coup s’imposer comme le thème du jour.

C’est un sujet capital. Le bateau pour atteindre sa destination a besoin de deux choses: propulsion et direction. La Propulsion se divise selon moi en deux sujets dans le cas d’un voilier (moteur et voiles). La Direction se limite à la manoeuvre du safran. Mais cette simplicité est une facade derrière laquelle on trouve la mécanique de la mèche de safran, les barres à roue, la barre franche de secours, le pilote auto et son bras de commande, les systèmes de direction de complémentaires (Windvanes, Sheet to tiller,…) et les systèmes de secours (dérive induite par le réglage des voiles, dérive controlée par des objets trainés, safran de fortune,…). Je réfléchis et prend quelques notes sur le sujet. Il y a là, c’est sûr, matière à un autre guide technique… Tout en continuant de barrer.

11:00 Le vent apparent dépasse les 10kn. Champaaaagne!

Du coup je dégrée le Code0 qui a bien mérité un peu de repos. Génois entier et Grand-voile en tête. Et je me rend compte que le design de la machoire de tangon n’est pas l’ami des écoutes. Malgrè le renfort en tuyeau d’arrosage que j’avais mis en place, l’écoute est grignottée.

Le soleil ne se montrera pas. Je décide donc pour éviter la consommation permanente du pilote auto d’instaurer un système de quart à la barre. Moi 2 heures, lui 2 heures.

16:00 J’ai progressé de 122Nm depuis hier. 1500 miles to go.

Pendant le quart de barre du pilote, j’essaye de mettre au point un système de WindSteering type “Sheet to Tiller”. Le principe me parait bon (plus le vent souffle, plus la voile tire sur l’écoute, plus l’écoute tire à l’inverse (et donc pousse) la barre). Mais le setup n’est pas efficace. Je tire en direct sur la tête de la mèche de safran et les efforts sont trop importants. Il faudrait que je puisse jouer sur les barres à roues pour bénéficier de la démultiplication… Mais alors j’aurais un souci d’amplitude de mouvement de l’écoute. Mmmmmm…

On ne s’ennuye jamais sur un bateau.

Récit 2016-12-01: Vent et Nuages

Cinquième jour.

Il y a du Vent

Super 🙂

Il y a des Nuages

Damned 🙁

Thème du jour: La pêche?

Elle se fait toute seule aujourd’hui

Et il n’y a pas que les poissons volants sur le pont…

Non, la pêche est un thème que je ne maitrise pas du tout. Il faudra au cours des escales rencontrer un mentor en la matière afin de sortir de mon ignorance. D’autant plus que l’idée d’améliorer le quotidien par un apport de poisson frais est vraiment intéressante. Plus tard…

Non , le thème de la journée sera la direction du bateau, la barre et son corollaire technique le pilote automatique. Mais je traiterai de ce sujet un peu sec (un comble en mer) dans la page LogBook

Le reste de la journée est plutôt technique car le vent est arrivé.

Je n’ai pas vu passer les heures.

Et déjà c’est la nuit.

LogBook 2016-11-30: 13N29W – 13N32W

01:30 Branle-bas-le-combat. Le niveau des batteries est tombé à 11,7V et je met le moteur en route pour 2 heures. Dommage car le vent est monté et par précaution je suis passé sous Génois. Vitesse 7kn avec une AWS de 8,5kn et AWA -145.

L’indicateur (Victron BMV-700) me dit que j’ai consommé 184Ah. Si je compte que je possède 4 batteries de service de 110Ah chacune, que la capacité réelle d’une batterie est 80% de celle vendue et que l’on ne peut utiliser que 50% de cette capacité dans le cas de batterie Plomb-Acide, celà parait cohérent. ((4×110)x0,8)/2=176. Check!

L’alternateur du moteur envoie 63Ah dans les batteries. A priori, 3 heures de moteur et les batteries seront rechargées à fond. Erreur: les batteries sont comme des êtres vivants, elles engloutissent la “nourriture-électricité” quand elles sont affamées mais ralentissent le rythme en approchant de la satiété.

C’est sûrement une surprise pour les néohpytes et celà mérite certainement un développement dans une page Guide Tech (d’autant plus que l’électricité était le “thème de la journée” d’hier).

03:30 Le vent apparent passe à 9kn. Je prend la route directe vers les Antilles.

08:00 Le vent molli. J’ai du être trop optimiste? Bon, on descent! Et je remonte le Code0.

16:00 Parcouru 115Nm en 24 heures.

Je protège ma GV dans le mât. Le Code0 fait tout le boulot. C’est mon Ami.

Cette nuit, je n’enlève pas le tangon. Je m’enhardis!

Le vent monte doucement (AWS 8kn) mais ne me punit pas

Récit 2016-11-30: Mouette, le retour

Non, la mouette ne reviendra pas.

Quatrième jour.

Thème du jour: Lecture

Jadis le départ en vacances de longue durée du lecteur était difficile. Il fallait arbitrer entre 19Kg de vêtements et 1Kg de livres ou 1Kg de vêtements et 19Kg de livres. Pour moi qui, à la fois voyage en bateau et est un fervent partisan de la numérisation-dématérialisation, le problème ne se pose pas. J’emporte des livres papier dans ma maison flottante. Je les trouve et les échanges dans les ports. Et dans mon sac de voyage, j’emporte une liseuse. 150gr d’ électronique  qui ne me tordent pas le poignet, qui ne se referment pas à la moindre distraction, qui contiennent des dictionnaires pour la lecture des langues étrangères, qui épargnent quelques arbres au passage et qui renferment à l’abri de l’humidité près de 1200 livres.

Bref j’ai avec moi une bibliothèque complète sous forme d’Ebooks et une vingtaine de livres-papier que j’avais depuis longtemps et que j’avais envie de lire ou relire dans la tranquilité exceptionnelle d’une transat.

  • Le fantôme de l’Opéra
  • Ready Player One
  • The Peripheral
  • Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier
  • The Cuckoo’s Egg
  • Cap Horn à la voile

Celà dit, je ne lis pas beaucoup en navigation car la conduite du bateau réclame une attention permanente qui n’est pas compatible avec la plongée dans un bon livre. Un peu comme lire dans le métro ne me convient pas à terre (ou devrais-je dire sous terre?).

Sous terre…

Dans l’obscurité..

Un sujet qui intéresse souvent ceux qui n’en ont pas l’expérience: La nuit en haute mer.

Voilà ce que l’on voit, par une nuit sans lune, avec flash (ce qui veut dire que l’on est littéralement aveugle pendant les 30 secondes qui suivent)

Et sans flash…

Le monde se réduit à quelques mètres d’eau noire autour du bateau. Je serais dans une piscine, sujet à une expérience de psychologie comportementale? Possible…

LogBook 2016-11-29: 14N28W – 13N29W

Une journée comme les autres?

C’est rarement le cas. Aujourd’hui le soleil se dégage et les panneaux solaires fonctionnent à plein rendement (soit 60% de leur potentiel max).

16:00 Distance parcourue depuis hier: 83Nm… Côté vent, hélas, pas encore de brise. 5kn apparent, 4kn vitesse fond.

Mais pas de quoi se plaindre si je pense à tous ceux qui sont immobiles sur la route directe Canaries-Caraïbes. Ou pire… au bureau.

Récit 2016-11-29: Une autre visite!

Le soleil est couché depuis quelques heures et… la mouette revient.

Je ne peux évidemment pas être certain de la reconnaitre mais hier nuit lorsque je l’avais prise en main elle avait tenté faiblement de m’échapper. Et ce soir lorsque je la retrouve sous le banc de barre contre la toile qui couvre les jerrycans de carburants, je peux la prendre dans le creux de ma main sans même qu’elle se défende. Me reconnait-elle? Ou est-elle encore plus épuisée que la veille? En tous les cas chaque heure nous sépare un peu plus des îles du Cap Vert et je me demande quelles vont être ses chances de s’en sortir. Ce serait sympa si elle m’accompagnait jusqu’à la Barbade! Allez, on passe à table: un peu d’eau sucrée et des miettes de pain.

Au matin, elle est repartie sans prévenir! Le sentimentalisme humain n’a sans doute pas sa place dans la Nature. Bye la Mouette!

Troisième jour.

Thème du jour: l’électricité. Retour à un thème vital.

J’ai remarqué hier que mes prévisions en terme d’énergie étaient mise à mal par la nébulosité plus importante que prévue sous ces latitudes. Je vais écrire une page Guide Tech sur la question.

10:30 Encore du monde! Cette fois c’est ma ligne pêche qui m’alerte. Je remonte la prise et me retrouve propriétaire d’un belle touffe d’algues. C’est l’apparition des sargasses? Après trois incidents similaires, je remonte définitivement ma ligne de pêche et ne laisse plus à l’eau que la ligne de survie (50m de 6mm avec grand noeud de chaise au bout). De temps en temps je la remonte pour la nettoyer car même sans hameçon, les algues s’accrochent au bout et celà me ralentit (de 0,02 noeuds? Sur 2200 miles, 2 heures de retard à l’arrivée…).

Et vers le Sud, un bateau passe. En route vers le Brésil peut-être.

Pas d’AIS, donc pas d’identification, je ne saurai jamais comment il s’appellait. Au début de ma vie de marin, je faisais volontier un détour pour voir de plus près les bateaux voisins. Mais avec le temps, comme personne d’autre ne le faisait, j’ai cru comprendre que ce n’était pas “l’étiquette”. Et puis il est vrai que sur l’eau ce n’est pas toujours aussi simple qu’il parait. Il n’y a que dans les films de pirates que les bateaux se rattrappent en un clin d’oeil. Dans la réalité, si je voulais croiser ce bateau il me faudrait changer de cap (donc rallonger ma route) pendant plusieurs heures et ensuite refaire le chemin perdu.

Bref, bye-bye.

 

GuideTech 003: Musique à bord

La musique à bord, c’est important. A fortiori quand on est seul!

Installation par défaut

A bord du bateau (Oceanis 45) , il y a une installation sonore de base.

D’abord, un dock USB – connecteur Apple de… l’ancienne génération. Je ne suis pas consommateur des produits Pomme mais par contre la possibilité d’insérer là un memory stick USB contenant des fichiers mp3 est intéressante. Grand chic, la lecture des fichiers est contrôlée depuis l’écran du traceur. Grand hic, le traceur est dans le cockpit et moi le soir dans le carré. Mmmm… Bon, les fonctions de bases sont accessibles depuis un mini controleur dans le carré mais ce n’est souvent pas suffisant.

Ensuite, un ampli avec une entrée auxilliaire jack 3,5mm qui permet de connecter n’importe quel téléphone ou ordinateur portable.

Enfin, une paire de hauts-parleurs dans le carré et une paire dans le cockpit.

Au port ou au mouillage, c’est nickel pour avoir de la musique d’ambiance voire même se faire une petite soirée Disco dans le carré la nuit (en coupant les haut-parleurs de cockpit of course).

L’inconvénient de ce système intégré est qu’il consomme une électricité précieuse et que les hauts-parleurs du cockpit souffrent du compromis que le constructeur a du faire entre performance et protection en terme de localisation. Le meilleur endroit pour écouter la musique, c’est au sol entre les deux postes de barre…

Installation personnelle

Bref, j’ai personnellement opté pour deux systèmes plus léger, l’un parfaitement adapté aux quarts de nuit: le téléphone portable et des écouteurs (Sennheiser PMX60 et CX300 pour alterner entre confort et qualité) et l’autre plus orienté HiFi: ordinateur portable contenant 300GB de fichiers FLAC, un miniDAC NuForce et un casque Sennheiser HD600.

Enfin, j’ai acheté un haut-parleur JBL Pulse pour diffuser n’importe quelle source. La qualité est acceptable et je peux aussi l’emmener à terre.

Rechargement

Tout ce petit monde se recharge aisèment via la prise allume-cigare 12V (à l’exception du portable qui se charge sur le convertisseur 12-220 que j’ai installé à cet effet). PS: Comme j’ai opté pour un modèle bon marché qui ne fait pas du pur-sinus, j’ai pu emporter un second exemplaire (dans son emballage étanche).

Avantage: c’est clair, si le convertisseur grille je peus le remplacer et éviter de me retrouver sans ordinateur (que je dois recharger chaque jour vu l’usage régulier que j’en fait.

Désavantage: c’est moins clair… Certains marins m’ont dit que le convertisseur quasi-sinus (non pur-sinus) endommage à terme l’appareil qu’il recharge… Je suppose qu’ils parlent d’endommager la batterie puisque lorsque je recharge le pc, il est éteint.

Autre petit désavantage,  il n’est pas possible d’utiliser la sortie son (jack 3,5mm) du portable pendant son chargement car l’onde carrée du courant délivré trouve son chemin jusqu’au circuit audio et crée un ronflement insupportable. Par contre pas de souci avec la sortie Bluetooth vers le JBL Pulse. Polution électro-magnétique mais son nickel :-).

 

LogBook 2016-11-28: 15N26W – 14N28W

3:00 Faute de vent (ce sera la seule fois de toute la trversée), je fais route au moteur pendant deux heures. Idéal pour remonter le niveau des batteries. Le pilote consomme beaucoup et la journée nuageuse d’hier n’a rien arrangé. A 05:00 le vent remonte légèrement et je repars sous Code0

8:00 Au matin je remets en place le tangon de Code0 (que je préfère enveler la nuit pour pouvoir réagir plus simplement au cas où…).

13:00 Le vent monte doucement pour s’approcher de la barre de 10kn apparents.

Youpie.

Un bruit de grincement vient de la mèche de safran.

Zut

Bon ce n’est pas grave, c’est juste que les 3 boulons qui fixent le bras de pilote sur la mèche de safran se déserrent. Il va mieux ne pas laisser trainer la situation. Si cette pièce casse, je ne pourrai plus utiliser le pilote auto. En solitaire, il vaut mieux éviter…

Les boulons sont resserés et le vent retombe… Ma vitesse n’est pas mauvaise mais un regard sur la carte… Chaque noeud compte!

16:00 au 3ème top 24 heures depuis le départ, et 127Nm parcourus.

18:00 Alors je tente des combinaisons de voile improbables. C’est très esthétique mais en terme de rendement celà ne vaut pas la peine. Je suis incapable de déterminer si le passage de 4,7 à 4,9kn est dû à l’adjonction du Génois aux côtés du Code 0 ou si c’est le vent qui s’est légèrement renforcé. Et surtout en cas de surprise, quel merveilleux cahos celà pourrais créer. Mais c’est sur, 150m2 de toile déployée dans la lumière du soir, çà a de l’allure (à défaut de l’améliorer ;-).

Le soleil se couche sans avoir beaucoup chargé les batteries… Ce sera pour demain.

Récit 2016-11-28: Une visite déjà?

00:15 Deuxième jour depuis à peine quelques minutes et déjà une visite.

Je passe dans le cockpit pour vérifier que tout va bien et j’entends un bruit de froissement inconnu… Je regarde autour de moi. Le bruit semble se déplacer avec moi et provenir du plancher… Je finis par allumer ma lampe frontale et dans le cone de lumière, sur le sol, tentant d’éviter de se faire écraser, il y a une petite mouette!

Etant nul en ornithologie, je ne sais absolument pas de quel espèce d’oiseau il s’agit. Pour moi, c’est une mouette qui a la taille d’un merle. Vu son incapacité à s’envoler, j’en déduis que la pauvre est épuisée et s’est réfugiée à bord pour se reposer.

Je descend chercher de l’eau que je dispose dans un couvercle en plastique, un peu de pain émietté dans cette soupe et voilà!

Elle restera là le temps qu’elle voudra, il y a de la place pour deux 🙂

Au petit matin, quand je remonte du carré où j’ai dormi une heure (ou deux), elle est partie. Tristesse d’avoir perdu sa compagnie, joie d’avoir pu l’aider. Bon vent la mouette!

Le jour se lève. C’est toujours un spectacle glorieux.

Le thème d’aujourd’hui: la musique. Pour varier, je vais alterner thèmes sérieux (comme hier l’avitaillement) et thèmes “fun”.

Etape 1: Faire la revue du matériel Son.

Comme la description est assez technique… j’en ai fait une page guide technique!

Etape 2: Choisir la musique que l’on va écouter.

J’ai souvent caressé à terre l’envie d’écouter l’intégrale de Pink Floyd. Vu le volume (sic.) que celà représente ce projet de découverte musicale s’est toujours révélé impossible à mener à bien à terre. J’avais à peine le temps d’écouter quelques morceaux d’un album que déjà le métro arrivait à destination, le téléphone sonnait, quelqu’un entrait dans le bureau, ma fille avait une idée de jeu.

A priori, seul au milieu de l’Atlantique, çà devrait “le faire” comme on dit aujourd’hui.

Eh bien non!!!

L’homme propose et les Dieux disposent. Et aujourd’hui, ils avaient une surprise pour moi…

Hiiiiiik! En soulevant un des bancs de carré, confortablement installés depuis sans doute quelques jours, je tombe sur d’autre visiteurs. Une famille de cafards!

La chasse s’organise avec les moyens du bord (Déthol et sopalin). Je parviens même à en capturer un. Mais le bateau est un tel labyrinthe de passages et conduits inaccessible que je suis impuissant à gérer le problème… Il va falloir attendre l’arrivée à terre et l’aide de la chimie.

Et j’attaque l’écoute de “The Piper at the Gates of Dawn”.

LogBook 2016-11-27: 16N25W – 15N26W

03:40 Le vent a faibli et s’est stabilisé aux environs de 12kn. Je suis donc repassé du Génois au Code0

07:00 J’ai occupé mes quarts de nuit à optimiser ma marche pour rester au contact d’un autre bateau “Boni Venti” parti de Mindelo avec 15Nm d’avance. Je suis revenu sur lui quand le vent à monté mais depuis le milieu de nuit je perds du terrain. Il est à nouveau à 10Nm.

11:00 Boni Venti est à 13Nm… Ma vitesse est tombée sous les 5kn. Dommage, je ne le verrai donc jamais.

14:00 Boni Venti disparait de mon écran, à 17Nm (portée de l’AIS, fonction bien entendu de nos hauteurs d’antennes combinées).

16:00 Encore 110Nm à descendre avant de pouvoir mettre le cap plein Ouest. Ou oserais-je virer avant… Boni Venti a disparu au 280… Mais je poursuis la descente au 220.

Le vent est si mou que j’ai remis en service le système d’élastique pour contrôler la détente de l’écoute de Code0. C’est étonnament efficace.