Récit 2016-11-27: C’est parti… Que faire?

Premier jour.

Le soleil de lève dans une belle masse nuageuse. C’est beau tout de même.

Vers midi le ciel se dégage et c’est le grand beau temps.

J’ai décidé que pour m’occuper, en plus de la conversation avec mon pilote auto (je blague :), chaque jour aurait un thème. Aujourd’hui c’est l’avitaillement (nourriture et eau).

Faire l’inventaire complet de ce qu’il y a de comestible à bord (riz, pates, semoule de blé, farine, oignons, carottes, pommes de terre, manioc, tomates, pommes, citrons, bananes, salade, pain, oeufs, ovomaltine, céréales, beurre, lait, yaourts, gazpacho, conserves de corned-beef, thon, maquereau, maïs, canettes de coca, J&B, glaçons) et ensuite les ranger dans les endroits les plus appropriés (frigidaire, glacière, équipets, fonds, filets).

Faire la revue des catégories d’eau et du type d’utilisation:

  • Eau de mer pour les usages qui ne touchent pas le corps (vaiselle, nettoyage cockpit)
  • Eau des réservoirs d’eau potable (330+200) pour les usages qui touchent la peau (douche, cuisine)
  • Eau des bouteilles stockées dans les fonds (12×8) si l’eau entre dans le corps (boisson).

Bref Off=Sea, Out=Tank, In=Bottle.

A l’occasion je ferai sur le sujet de l’avitaillement une page “guide technique” pour ceux que celà pourrait intéresser. J’ai été moi-même aidé par un livre abandonné dans les sanitaires du port de Gibraltar: “The Care and Feeding of the Sailing Crew”. N’étant pas très branché cuisine, ce livre me dépasse mais il abonde de trucs et astuces  qui valent le détour.

Enfin, au titre de bonne résolution, faire 3 repas sains et équilibrés (même si sommaire comme une salade) plutôt que de grignoter à longueur de journée.

Et après ce travail d’inventaire, de formalisation et de rangement, aller se coucher (pour une heure…) avec le sentiment d’une journée bien remplie (et la sécurité des alarmes radar et AIS).

LogBook 2016-11-26: Mindelo – 16N25W

Le bateau est prêt de chez prêt. Je suis monté au mât pour vérifier la fixation de l’antenne VHF,  feu de mouillage (dont je me sers de nuit pour voir la girouette), l’état des réas et des drisses, l’état des points de fixation des haubans, étai, pataras, barres de flèches, réflecteur radar, feu de pont, radôme radar. Au niveau du pont, j’ai fait le tour complet du gréement dormant, courant, de l’acastillage, graissage des winches, rails d’écoutes et poulies. j’ai plongé pour inspecter la carène, j’ai fermé tous les passes coques sauf l’alim eau de mer des WCs arrières, j’ai cajolé mon moteur, j’ai un stock de nourriture pour survivre 6 mois. TOUT est prêt autant qu’un bateau peut l’être. Sachant que selon l’adage, que jamais un bateau prêt n’a quitté le port. Je suis d’accord, il me reste des points sur ma  liste “ToDo”.  Mais c’est l’heure de passer à la pompe à carburant.

14:00 Plein faits, départ par calme quasi plat (1,1kn au 179 dit l’anémo).

Quelques bateaux sont juste devant moi et, avec le sourire, nous prenons le départ en mode régate-pétole. Cà occupe…

17:00 La situation est claire sur la carte ci-dessous. 3,6kn de vitesse avec 3,6kn de vent. Il y a une courant favorable. Ma route est tracée en descente à 45° vers le 14e paralléle. J’espère toucher du vent en sortant de la zone d’infuence des îles. Si ce n’est pas le cas, cette traversée rique d’être longue 😉

18:30 La nuit tombe (déjà!), et le vent aussi, juste le temps de mettre le moteur en marche et le voilà qui remonte à 10kn. Youpie! Puis 15, puis 20.

Eh, mais pas trop tout de même!!

Jamais content ce type!!!

Si, si, à 22:00, je file à 9kn plein Sud-Ouest pour attraper le Vent.

Récit 2016-11-26: Go!

Au cours de jours précédents, j’ai eu le temps de tester quelques conserves locales et ensuite d’en acheter en quantité (genre maïs).

Ce matin, j’achète au marché les fruits et légumes avec un copain local.

Je fais comme j’ai vu faire, je les lave et les sèche. La couleur de l’eau de rinçage est bien brune mais je ne vois pas de bestioles surnager… Bon, ensuite je range tout cela dans les filets (que j’ai acheté dans une improbable boutique de pêcheurs la nuit dernière) suspendus dans la cabine avant transformée en soute.

L’heure tourne, je règle les derniers détails (nous sommes un samedi donc la clearance douanes a été faite hier), vide le crédit “eau” de ma carte de port dans les réservoirs. Tout est plein (530 litres) et  j’épuise mon quota en rinçant le cockpit.

Un passage à la pompe pour refaire le plein de diesel et je largue les amarres. Bon ben, c’est parti…

Sao Vicente disparait derrière et devant se couche le soleil. Le mélange de gris et de jaune apparament celà donne du rose-rouge (la photo est fidèle à mon souvenir)!

2000Nm de mer, 4000km d’eau, que d’eau, que d’eau…

Récit 2016-11-25: Steady?

De la marche à pied, encore de la marche à pied, histoire d’avoir mon quota de pas avant la grande pause.

Le bulletin météo est arrivé. Pas de vent devant, il faut descendre.

Jusqu’ou? Pas très clair… 14°N… Le ponton se tâte. Beaucoup préfèrent attendre une tendance plus affirmée de l’établissement des Alizées.

Moi, je partirai demain. J’ai rendez-vous en Martinique le 26/12.

Récit 2016-11-24: Ready?

J’ai trouvé une bonne boulangerie!

Tous les voisins de pontons se tâtent. Partir? Attendre? La météo est très incertaine et toute la flotte de l’ARC est à l’arrêt en plein milieu…

Demain, l’un des voisins va recevoir une prévision de la Marine Nationale. Du sérieux donc.

J’attends, je fais mon marché, je cherche des filets pour conserver les fruits et légumes. Tout le monde le fait… çà doit être bien.

Récit 2016-11-23: Seul!

La nuit porte conseil dit-on. J’ai donc laissé la machine tourner en roue libre hier soir. Régardé un bon film et dormi du sommeil du juste.

Résultat au réveil. Je me sens un peu perdu là, tout au bout du nez de l’Afrique, les pieds dans le vide avec l’Antartique en dessous. Quatre possibilités:

  1. Mister X débarque in fine et nous partons à deux comme prévu;
  2. Je trouve un ou plusieurs autres équipiers pour la traversée;
  3. Je fais demi-tour;
  4. Je pars seul.

Je vais considérer ces quatres options pendant la journée et en fin de journée, comme un vieux mainframe de la pré-histoire cracher la réponse. Quelle que soit l’option considérée, il y a un tas de choses à faire.

  • Aérer le bateau et son contenu (literie et vêtements)
  • Envoyer le linge sale au service de lessive de la marina (au final pas cher et bien fait)
  • Vérifier le niveau d’huile du saildrive, la tension de courroie d’alternateur, l’état de l’impeller, le liquide de pilote auto,  le niveau de liquide des batteries (4 services, 1 moteur), l’état des fonds.
  • Etudier la possibilité de déconnecter les deux écrans de contrôle NSS7 dont je n’ai pas besoin et qui consomment du courant.
  • Nettoyer les coffres arrières.
  • Faire l’état des réserves de nourriture. Bien entendu, si je traverse seul, avec un 45 pieds, je ne risque pas d’être à l’étroit même si je stocke de quoi vivre 6 mois [Guide Tech Nourriture et boissons].

Et tombe la nuit, et le moment de prendre une décision:

  1. Je ne compte plus sur l’arrivée de X.
  2. Je ne veux pas embarquer des équipiers. C’est une solution facile car même s’ils sont plus nombreux dans les Canaries (plus de bateaux, plus facile aussi de faire demi-tour si celà ne marche pas), il y a des “bateaux-stoppers” à Mindelo. Mais je ne suis pas très enthousiaste à l’idée de me retrouver avec un équipage inconnu à bord. En terme de règlementation maritime, les choses (si je ne me trompe pas) sont simple: le capitaine est responsable de tout et de tous. Si la Douane trouve de la drogue à bord, en prison; si l’un des “invités” passe par dessus bord et meurt, en prison, si… en prison! Bon, je ne veux pas dramatiser mais il y a là un risque.
  3. Je ne veux pas faire demi-tour. Si je le faisais, je ne sais pas quand je pourrais revenir. De plus, il y a 1500 miles de mer contre les vents dominants pour remonter vers Gibraltar. Au moins 20 jours de navigation en solo, alors que vers les Caraïbes, 15 jours avec les vents portants. Au fond, c’est plus simple d’y aller.
  4. Bon, ben, j’y vais!

Récit 2016-11-22: Seul?

Ce soir Olivier prendra l’avion pour remonter vers le Nord

Nous avions caressé l’idée de faire un saut sur l’île voisine (Santo Antao) avant son départ mais lorsque nous arrivons au terminal des ferrys, nous apprenons que le bateau du matin est déjà parti. Et le suivant ne nous laisserait que 2 heures sur place avant de devoir prendre le ferry de retour pour rentrer à Mindelo (île de Sao Vicente)… Dommage. On en profite pour faire une longue marche sur les hauteurs qui entourent la ville.

Mon ami X. ne me rappelle pas… Je commence à réaliser que je vais me retrouver seul pour faire cette traversée!

Olivier m’envoie un cliché clin d’oeil de l’aéroport.

Bon, lui est sur les rails. Plus que moi…

Je commence le planning des préparations pour la traversée… en solo.

Récit 2016-11-21: Mister X.

Aujourd’hui, on commence par s’acquitter des formalités de Douanes et Immigration. Le douanier me reproche de ne pas être venu hier, tout de suite, à l’instant même du débarquement. Il y a un match de foot à la télé. On parle de foot. Cà se tasse.

On visite Mindelo.

Louer une voiture pour visiter l’île?

Pour traverser avec moi vers la Martinique, mon ami X. devrait arriver. Mais quand je l’ai appelé hier en débarquant… Il me parle d’un souci de santé… Il va me rappeller… Il ne me rappelle pas…

LogBook 2016-11-20: 17N24W – Mindelo

07:25 On approche au ralenti, pluie, brume matinale, on dirait Dunkerque avec du relief en plus 🙂

09:00  On s’amarre, on fait la file au bureau du port, on envisage… on fait une sieste!

Un petit récapitulatif en chiffres de cette traversée Canaries-Cap Vert:

  • 773 miles nautiques
  • 165 heures de navigation (6 jours et 21 heures)
  • 60 heures de moteur (soit 38% du temps total)
  • 4,7 noeuds de vitesse moyenne
  • 0 casse (juste une écoute de code 0 rongée et renforcée)