LogBook 2016-10-24: Arrecife

Pas vraiment de log book aujourd’hui, mais une brève analyse du trajet Gibraltar-Arrecife.

  • Distance directe: 600Nm (au ras de la côte du Maroc)
  • Distance parcourue: 715Nm soir 115Nm passés à tirer des bords
  • Distance sur l’eau: 743Nm soit 28Nm perdus face au courant
  • Temps total: 125 heures selon la balise InReach mais selon mon logbook 5 jours et 9 heures). Pourquoi ce delta de 4 heures, mystère…
  • Temps moteur: 39h (soit 30% de la traversée au moteur)
  • Vitesse max: 15Kn selon la balise InReach (un surf heureux en sortant du détroit avec vent et courant favorable peut-être…)
  • Vitesse moyenne: 5,8Kn

Considérant que le vent a été soit faible soit défavorable, je me dis que je m’en suis bien sorti 😉

Récit 2016-10-24: Arrecife

Matin gris sur Lanzarote…

J’ai dormi 11 heures comme un loir et suis réveillé par le bruit de la pluie sur le pont, au dessus de ma tête.
Mmmmm… Comme c’est bon de se sentir à l’abri dans ce cocon étanche.
J’avais pensé inititalement passer la journée entière dans mon nid de fibre de verre mais le soleil se pointe dans l’après-midi et je ressent le besoin de me dérouiller les jambes.

L’emblème étrange qui marque l’entrée de la ville (en tête de page), le côté “brut de coffrage” de l’architecture locale, l’arrière plan volcanique… Je suis ailleurs.

Ballade dans Arrecife.

[Je tiens à préciser ici que ce site/blog est orienté Mer et que donc ce qui se passe à terre sera succin à l’extrême (a priori, une photo par jour en espèrant qu’elle en vaille la peine)]

 

LogBook 2016-10-23: de 29N12W à Arrecife

Ca y est, aujourd’hui le point de destination est un port!

Et une superbe journée de navigation au près serré avec un courant contraire de 1Kn (voyez la trace et l’angle de virement qui se dégrade à l’approche des îles).

Qui se termine un peu pressé-stressé par le mauvais temps qui se pointe (voir l’indicateur de tendance de mon baromètre parti le midi de 1023Hpa…)

 

Récit Jour 6: Arrivée à Arrecife

Beau lever de soleil que je vous montre au risque de vous lasser mais… regardez bien. Dans le fond, sur l’horizon, un bateau qui se nomme Askari (me dit l’AIS)

Et vers 9:30, enfin le profil de l’île de Lanzarotte qui se découpe sur l’horizon. Difficile de décrire ce que l’on ressent quand enfin la terre se dévoile (et dévoiler est vraiment le terme qui convient). On a beau savoir exactement où elle se trouve grâce aux cartes et traceurs (dont vous voyez les écrans dans le fil LogBook), et bien, malgré tout, lorsque la côte devient visible, c’est comme si elle vennait de se mettre à exister et qu’un instant avant encore, un Dieu capricieux aurait pu la repousser dans l’Océan.

et toujours Askari à mes côtés, que je vais cotoyer toute la journée.

A 20 miles de l’entrée du port d’Arrecife, de gros orages se présentent, un sur l’île devant moi et un autre dans mon dos. Pas envie de me faire prendre sous eux. Je fonce vers l’abri de la rade dans un vent qui passe de 15 à 30Kn. Et le bateau se fraye un chemin en force. Voyez le bas de la photos ci-dessous, si ce n’est pas pousser de l’eau çà! Banzaï!!!

Récit Jour 5: Régate

Minuit. Chasse au bruit!

Un couinement m’empêche de dormir. Non pas à cause de l’intensité du bruit mais parce que je me demande si ce bruit ne m’annonce pas que quelque chose d’important va lâcher…

Finalement, pas grave. Un chariot d’écoute (un truc qui coulisse sur un rail) qui manquait de lubrifiant. WD40 et silence.

Un lever de soleil glorieux!

09:00 Soudain des voisins. C’est sans doute que nous convergeons tous vers la même destination; Les îles Canaries. Du coup, plus on se rapproche, plus on se rapproche. Plusieurs d’entre eux plus pragmatiques ou plus pressés, sont sur des routes directes qui disent “je suis au moteur”. Mais le vent qui monte donne des ailes au voiliers et mes voisins repassent tous sous voile et on se retrouve en mode régatte. Voiles blanches sur l’horizon. Appel radio pour demander des infos météo.

12:00 La course s’engage. Pas un besoin de gagner mais plutôt le plaisir de voler ensemble comme le font les groupes de pigeons.

19:00 Certains devant, d’autres derrière, le soleil descend derrière l’horizon et les voiles disparaissent. C’était une belle journée. Je suis fier de moi et de mon bateau.

J’aspire à une nuit tranquille mais déjà le problème suivant se pose: le vent retombe et à cette vitesse et ce cap, je vais arriver après la tombée de la nuit prochaine.
Je ne connais pas ce coin, je ne veux pas arriver de nuit!

LogBook 2016-10-21: de 32N09W vers 31N11W

08:30 150 miles les dernières 24 heures, pas mal. Je renvoye au lever du jour le Code 0.

11:00 Test du tourmentin.
Est-ce-que j’avance mieux en rajoutant 9m2 de tourmentin au 95m2 de Code 0. Non. Mais qu’il est mignon mon petit bout de torchon fluo!

15:00 Cette nuit, je n’aurai plus d’ange gardien alors je peaufine les règlage radar. Là, je vois très bien le bateau à 4 miles… Un cargo (un guide technique sur ce sujet…)!

21:00 1er virement de bord depuis Gibraltar. Dur dur la navigation hauturière 😉

Dans un régime de vent mi-na-ble. C’est ainsi!

Récit Jour 4: Seul

On ne s’est pas concerté.

Et pourtant tout est bien. Atraxia est parti devant, au moteur. J’ai coupé le mien et j’avance doucement sous voile. Je suis à présent seul, pas de terre  en vue et qu’est ce que je me sent bien!

Le bateau ne me demande pas grand chose. Alors je lis. Bonheur simple!

Vous vous demandez sans doute à quoi ressemble le salon du navigateur solitaire? Je vous montre:

Un siège en mousse à deux sous. C’est plus léger et beaucoup plus commode en navigation que les jolis coussins de cockpit qui font le confort des invités aux escales. En effet, quand le temps se gâte, ce bloc de mousse se jette sans effort à l’abri de la capote ou carrèment dans l’escalier de descente vers le carré.

Sur la table, un smartphone (dans son étui étanche) et une boite en plastique protégeant le mini-haut-parleur connecté au smartphone pour avoir de la musique de proximité, la balise de détresse à avoir sur soi en cas de déplacement hors du cockpit, une paire de jumelles, des gants qui évitent de se bruler les paumes en manoeuvrant les bouts (cordes), un livre, un verre d’eau…

Et je peux vivre comme celà pendant 20 jours d’affilée. C’est dingue!

GuideTech 002: Naviguer de conserve

L’expression est ancienne, purement marine, ce n’est pas “de concert” mais bien “de conserve”. Suivre ensemble la même route sur mer avec la possibilité de se secourir.

Donc naviguer en équipe.
Quand j’ai appris que mon ami andalou ne pouvait m’accompagner pour cette première étape, l’idée de naviguer en solitaire mais en ayant un bateau ami à proximité me paraissait une bonne alternative en terme de sécurité!

Les arguments POUR:

  • C’est rassurant car c’est une sécurité indéniable dans certains cas de sinistre (pas celui de tomber par-dessus bord, on ne navigue pas collés et un homme qui tombe à la mer ne se voit guère dans le clapot…)
  • C’est pratique pour prendre enfin de photos de nos bateaux respectifs sous voile.
  • C’est stimulant et sans aller jusqu’à se la jouer “Régate”, cela rend plus attentif au réglage optimal du bateau.
  • Cela permet de se rendre des services entre bateaux (un bateau skippé par de bons pêcheurs m’a fourni du poisson frais, j’ai fourni plusieurs bidons de carburant à un bateau qui en manquait, j’ai fait un photo-reportage pour un marin qui n’avait jamais vu son bateau, naviguant sur l’océan, de l’extérieur, etc.).

Mais naviguer ensemble est moins simple qu’il n’y parait:

Allure synchrone

Il est difficile pour deux bateaux de naviguer à la même allure. Tant de choses les séparent. La taille du bateau, son poids, son architecture, l’étendue de sa “garde-robe” de voiles, la qualité des voiles, la compétence de l’équipage, le choix programme (ballade pour les uns, impératif décollage-avion pour les autres). Bref, si le plus rapide ne fait pas le sacrifice d’un peu de vitesse au profit du plus lent, c’est “mort” 😉

Naviguer à vue

Mathématiquement, l’horizon observé à 2 mètres de haut (moi assis dans le cockpit) se trouve à 4800m soit 2,6Nm et un mât de 20m doit être visible à 8,5Nm. En pratique, par beau temps, je vois un mât de 15m à 5 miles.
Surtout si le soleil éclaire les voiles. A contre-jour c’est déjà moins aisé.
La hauteur de la houle joue aussi un rôle troublant en faisant apparaitre puis disparaitre la cible.
Un peu de brume en prime et les choses se corsent…
Quand les conditions météo se dégradent, il est facile de perdre le contact. Dans un orage, à moins d’un mile déjà on ne se voit plus, or dans un orage, les voiliers font chacun de leur côté ce qu’ils peuvent dans des vents changeants et violents. On se sépare facilement de 2-3 miles en une demi-heure. Dans une tempête, je ne sais pas trop…
De nuit, par contre, on se voit presque aussi bien que de jour (quand les feux règlementaires fonctionnent bien).
Petite entorse aux règles, naviguer avec son feu de mouillage allumé permet une bien meilleure visibilité des voiliers qui ont leurs feux de position au niveau du pont (car ce feu est lui toujours situé en tête de mât!).

Au-delà de l’horizon

Entrent en lice les moyens de communication et de détection (VHF, AIS, Radar, BLU…).

  • La portée VHF (radio de bord classique et règlementaire) est dépendante de la qualité et de l’altitude de l’antenne. Typiquement, on peut espérer se parler à une distance de 15Nm.
  • L’AIS est une fonctionnalité numérique greffée sur la transmission VHF. Donc à priori sa portée est la même. Mais tout dépend… Par exemple, j’ai navigué avec un bateau dont l’antenne AIS qui avait été séparée de l’antenne VHF (qui peuvent être combinées) était fixée sur le balcon arrière, à 1,5m haut dessus de l’eau. Résultat : portée AIS d’environ 10 miles par beau temps. Pour compliquer les choses, ce bateau était seulement récepteur AIS, donc il me voyait puisque je suis équipé « émetteur/récepteur » mais moi je ne le voyais pas. Si nous avions tous deux été « récepteur », on se perdait de vue.
  • Le Radar, c’est la bouteille à encre ! Mon bateau est équipé dans radar 4G performant. Portée annoncée: 36Nm. En pratique, malgré des réglages attentionnés, réadaptés aux conditions de mer, je ne peux garantir la détection d’un voilier à plus de 3Nm. Désespérant. Mais, sacredieu, je n’ai pas dit mon dernier mot !!!
  • La BLU.
    Je n’ai pas, je ne sais pas… Et je ne connais qu’un plaisancier qui en dispose. Ah, oui, une précision, elle est éteinte ! 😉
  • Systèmes de communication satellitaire (Iridium & Co). Sans doute la dernière garantie pour pouvoir s’envoyer une position Lat-Long et faire une route de retrouvaille.

Bon bien entendu, en cas de détresse, on peut aussi envisager de tirer des fusées. J’ai un stock de fusées périmées que je conserve à bord comme backup. J’ai très envie d’essayer, cela fait de si jolie lumières… Mais c’est interdit !

Je ne suis pas sûr d’avoir bien couvert ce sujet riche… Mais l’heure de la publication sonne. Comme pour les autres pages « Guide Technique », je me permettrai de revenir et compléter, corriger, retravailler ce texte à la lumière de vos contributions !!!

LogBook 2016-10-20: de 34N8W à 32N9W

04:40 quart de nuit qui s’éternise, je règle et re-règle le radar. Pas moyen de “voir” Atraxia, voilier de 16 mètres qui est à 2Nm derrière moi!

07:00 Le jour se lève, couvert…

08:30 128 Nm parcourus hier, 267 depuis le départ, je suis presque à mi-chemin.

11:00 Le vent passe au 180 pile et j’en profite pour naviguer avec les voiles en ciseau (Gullwinged disent les anglais, c’est plus joli et c’est pour celà que mon logbook dit “voiles:GV+Gw” soit Grand Voile et Génois en ciseau.
J’aime bien regarder le bateau avancer avec ses voiles pleinement déployées.
celà dit, c’est une allure à l’équilibre délicat. Si le bateau se fait déporter par une lame, la bome risque de démarrer un mouvement vers le bord opposé, entrainant la voile instable. Voile qui, une fois la bome passée, va se regonfler avec force sur l’autre bord et… Baoum.
Donc, je reste attentif, je barre à la main, prêt à envoyer la barre en grand à l’opposé de la bome pour la forcer sur son bord.

L’épreuve n’est pas longue, se vent se meurt
Pour les batteries c’est un bonne chose: -150Ah dit l’indicateur de (dé)charge!
Le soleil occulté par les nuages compense à peine la consommation courrante et ne recharge pas les batteries de service (4x110Ah)
Et comme les batteries sont quasi épuisées, le taux de charge est impressionant: 65,9A. Un autre sujet de guide technique à venir.

16:20 Malaise électronique à bord, le traceur m’annonce qu’on est arrivé! C’est StarTrek!! Reboot et tout se calme. Reste 304Nm

19:00 Le vent revient légèrement et je pourrais faire route sous code 0, mais Atraxia pour qui le vent n’est pas suffisant préfère poursuivre au moteur pour rejoindre une zone de vent. Je me contente de sortir Génois et Grand voile pour appuyer le moteur. C’est efficace car je peus réduire le régime de quelques centaines de tours et garder la même vitesse.

21:22 Le moteur fête ses 1000 heures de fonctionnement. Triste anniversaire sur un voilier 😉