Récit 2016-12-01: Vent et Nuages

Cinquième jour.

Il y a du Vent

Super 🙂

Il y a des Nuages

Damned 🙁

Thème du jour: La pêche?

Elle se fait toute seule aujourd’hui

Et il n’y a pas que les poissons volants sur le pont…

Non, la pêche est un thème que je ne maitrise pas du tout. Il faudra au cours des escales rencontrer un mentor en la matière afin de sortir de mon ignorance. D’autant plus que l’idée d’améliorer le quotidien par un apport de poisson frais est vraiment intéressante. Plus tard…

Non , le thème de la journée sera la direction du bateau, la barre et son corollaire technique le pilote automatique. Mais je traiterai de ce sujet un peu sec (un comble en mer) dans la page LogBook

Le reste de la journée est plutôt technique car le vent est arrivé.

Je n’ai pas vu passer les heures.

Et déjà c’est la nuit.

Récit 2016-11-30: Mouette, le retour

Non, la mouette ne reviendra pas.

Quatrième jour.

Thème du jour: Lecture

Jadis le départ en vacances de longue durée du lecteur était difficile. Il fallait arbitrer entre 19Kg de vêtements et 1Kg de livres ou 1Kg de vêtements et 19Kg de livres. Pour moi qui, à la fois voyage en bateau et est un fervent partisan de la numérisation-dématérialisation, le problème ne se pose pas. J’emporte des livres papier dans ma maison flottante. Je les trouve et les échanges dans les ports. Et dans mon sac de voyage, j’emporte une liseuse. 150gr d’ électronique  qui ne me tordent pas le poignet, qui ne se referment pas à la moindre distraction, qui contiennent des dictionnaires pour la lecture des langues étrangères, qui épargnent quelques arbres au passage et qui renferment à l’abri de l’humidité près de 1200 livres.

Bref j’ai avec moi une bibliothèque complète sous forme d’Ebooks et une vingtaine de livres-papier que j’avais depuis longtemps et que j’avais envie de lire ou relire dans la tranquilité exceptionnelle d’une transat.

  • Le fantôme de l’Opéra
  • Ready Player One
  • The Peripheral
  • Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier
  • The Cuckoo’s Egg
  • Cap Horn à la voile

Celà dit, je ne lis pas beaucoup en navigation car la conduite du bateau réclame une attention permanente qui n’est pas compatible avec la plongée dans un bon livre. Un peu comme lire dans le métro ne me convient pas à terre (ou devrais-je dire sous terre?).

Sous terre…

Dans l’obscurité..

Un sujet qui intéresse souvent ceux qui n’en ont pas l’expérience: La nuit en haute mer.

Voilà ce que l’on voit, par une nuit sans lune, avec flash (ce qui veut dire que l’on est littéralement aveugle pendant les 30 secondes qui suivent)

Et sans flash…

Le monde se réduit à quelques mètres d’eau noire autour du bateau. Je serais dans une piscine, sujet à une expérience de psychologie comportementale? Possible…

Récit 2016-11-29: Une autre visite!

Le soleil est couché depuis quelques heures et… la mouette revient.

Je ne peux évidemment pas être certain de la reconnaitre mais hier nuit lorsque je l’avais prise en main elle avait tenté faiblement de m’échapper. Et ce soir lorsque je la retrouve sous le banc de barre contre la toile qui couvre les jerrycans de carburants, je peux la prendre dans le creux de ma main sans même qu’elle se défende. Me reconnait-elle? Ou est-elle encore plus épuisée que la veille? En tous les cas chaque heure nous sépare un peu plus des îles du Cap Vert et je me demande quelles vont être ses chances de s’en sortir. Ce serait sympa si elle m’accompagnait jusqu’à la Barbade! Allez, on passe à table: un peu d’eau sucrée et des miettes de pain.

Au matin, elle est repartie sans prévenir! Le sentimentalisme humain n’a sans doute pas sa place dans la Nature. Bye la Mouette!

Troisième jour.

Thème du jour: l’électricité. Retour à un thème vital.

J’ai remarqué hier que mes prévisions en terme d’énergie étaient mise à mal par la nébulosité plus importante que prévue sous ces latitudes. Je vais écrire une page Guide Tech sur la question.

10:30 Encore du monde! Cette fois c’est ma ligne pêche qui m’alerte. Je remonte la prise et me retrouve propriétaire d’un belle touffe d’algues. C’est l’apparition des sargasses? Après trois incidents similaires, je remonte définitivement ma ligne de pêche et ne laisse plus à l’eau que la ligne de survie (50m de 6mm avec grand noeud de chaise au bout). De temps en temps je la remonte pour la nettoyer car même sans hameçon, les algues s’accrochent au bout et celà me ralentit (de 0,02 noeuds? Sur 2200 miles, 2 heures de retard à l’arrivée…).

Et vers le Sud, un bateau passe. En route vers le Brésil peut-être.

Pas d’AIS, donc pas d’identification, je ne saurai jamais comment il s’appellait. Au début de ma vie de marin, je faisais volontier un détour pour voir de plus près les bateaux voisins. Mais avec le temps, comme personne d’autre ne le faisait, j’ai cru comprendre que ce n’était pas “l’étiquette”. Et puis il est vrai que sur l’eau ce n’est pas toujours aussi simple qu’il parait. Il n’y a que dans les films de pirates que les bateaux se rattrappent en un clin d’oeil. Dans la réalité, si je voulais croiser ce bateau il me faudrait changer de cap (donc rallonger ma route) pendant plusieurs heures et ensuite refaire le chemin perdu.

Bref, bye-bye.

 

Récit 2016-11-28: Une visite déjà?

00:15 Deuxième jour depuis à peine quelques minutes et déjà une visite.

Je passe dans le cockpit pour vérifier que tout va bien et j’entends un bruit de froissement inconnu… Je regarde autour de moi. Le bruit semble se déplacer avec moi et provenir du plancher… Je finis par allumer ma lampe frontale et dans le cone de lumière, sur le sol, tentant d’éviter de se faire écraser, il y a une petite mouette!

Etant nul en ornithologie, je ne sais absolument pas de quel espèce d’oiseau il s’agit. Pour moi, c’est une mouette qui a la taille d’un merle. Vu son incapacité à s’envoler, j’en déduis que la pauvre est épuisée et s’est réfugiée à bord pour se reposer.

Je descend chercher de l’eau que je dispose dans un couvercle en plastique, un peu de pain émietté dans cette soupe et voilà!

Elle restera là le temps qu’elle voudra, il y a de la place pour deux 🙂

Au petit matin, quand je remonte du carré où j’ai dormi une heure (ou deux), elle est partie. Tristesse d’avoir perdu sa compagnie, joie d’avoir pu l’aider. Bon vent la mouette!

Le jour se lève. C’est toujours un spectacle glorieux.

Le thème d’aujourd’hui: la musique. Pour varier, je vais alterner thèmes sérieux (comme hier l’avitaillement) et thèmes “fun”.

Etape 1: Faire la revue du matériel Son.

Comme la description est assez technique… j’en ai fait une page guide technique!

Etape 2: Choisir la musique que l’on va écouter.

J’ai souvent caressé à terre l’envie d’écouter l’intégrale de Pink Floyd. Vu le volume (sic.) que celà représente ce projet de découverte musicale s’est toujours révélé impossible à mener à bien à terre. J’avais à peine le temps d’écouter quelques morceaux d’un album que déjà le métro arrivait à destination, le téléphone sonnait, quelqu’un entrait dans le bureau, ma fille avait une idée de jeu.

A priori, seul au milieu de l’Atlantique, çà devrait “le faire” comme on dit aujourd’hui.

Eh bien non!!!

L’homme propose et les Dieux disposent. Et aujourd’hui, ils avaient une surprise pour moi…

Hiiiiiik! En soulevant un des bancs de carré, confortablement installés depuis sans doute quelques jours, je tombe sur d’autre visiteurs. Une famille de cafards!

La chasse s’organise avec les moyens du bord (Déthol et sopalin). Je parviens même à en capturer un. Mais le bateau est un tel labyrinthe de passages et conduits inaccessible que je suis impuissant à gérer le problème… Il va falloir attendre l’arrivée à terre et l’aide de la chimie.

Et j’attaque l’écoute de “The Piper at the Gates of Dawn”.

Récit 2016-11-27: C’est parti… Que faire?

Premier jour.

Le soleil de lève dans une belle masse nuageuse. C’est beau tout de même.

Vers midi le ciel se dégage et c’est le grand beau temps.

J’ai décidé que pour m’occuper, en plus de la conversation avec mon pilote auto (je blague :), chaque jour aurait un thème. Aujourd’hui c’est l’avitaillement (nourriture et eau).

Faire l’inventaire complet de ce qu’il y a de comestible à bord (riz, pates, semoule de blé, farine, oignons, carottes, pommes de terre, manioc, tomates, pommes, citrons, bananes, salade, pain, oeufs, ovomaltine, céréales, beurre, lait, yaourts, gazpacho, conserves de corned-beef, thon, maquereau, maïs, canettes de coca, J&B, glaçons) et ensuite les ranger dans les endroits les plus appropriés (frigidaire, glacière, équipets, fonds, filets).

Faire la revue des catégories d’eau et du type d’utilisation:

  • Eau de mer pour les usages qui ne touchent pas le corps (vaiselle, nettoyage cockpit)
  • Eau des réservoirs d’eau potable (330+200) pour les usages qui touchent la peau (douche, cuisine)
  • Eau des bouteilles stockées dans les fonds (12×8) si l’eau entre dans le corps (boisson).

Bref Off=Sea, Out=Tank, In=Bottle.

A l’occasion je ferai sur le sujet de l’avitaillement une page “guide technique” pour ceux que celà pourrait intéresser. J’ai été moi-même aidé par un livre abandonné dans les sanitaires du port de Gibraltar: “The Care and Feeding of the Sailing Crew”. N’étant pas très branché cuisine, ce livre me dépasse mais il abonde de trucs et astuces  qui valent le détour.

Enfin, au titre de bonne résolution, faire 3 repas sains et équilibrés (même si sommaire comme une salade) plutôt que de grignoter à longueur de journée.

Et après ce travail d’inventaire, de formalisation et de rangement, aller se coucher (pour une heure…) avec le sentiment d’une journée bien remplie (et la sécurité des alarmes radar et AIS).

Récit 2016-11-26: Go!

Au cours de jours précédents, j’ai eu le temps de tester quelques conserves locales et ensuite d’en acheter en quantité (genre maïs).

Ce matin, j’achète au marché les fruits et légumes avec un copain local.

Je fais comme j’ai vu faire, je les lave et les sèche. La couleur de l’eau de rinçage est bien brune mais je ne vois pas de bestioles surnager… Bon, ensuite je range tout cela dans les filets (que j’ai acheté dans une improbable boutique de pêcheurs la nuit dernière) suspendus dans la cabine avant transformée en soute.

L’heure tourne, je règle les derniers détails (nous sommes un samedi donc la clearance douanes a été faite hier), vide le crédit “eau” de ma carte de port dans les réservoirs. Tout est plein (530 litres) et  j’épuise mon quota en rinçant le cockpit.

Un passage à la pompe pour refaire le plein de diesel et je largue les amarres. Bon ben, c’est parti…

Sao Vicente disparait derrière et devant se couche le soleil. Le mélange de gris et de jaune apparament celà donne du rose-rouge (la photo est fidèle à mon souvenir)!

2000Nm de mer, 4000km d’eau, que d’eau, que d’eau…

Récit 2016-11-25: Steady?

De la marche à pied, encore de la marche à pied, histoire d’avoir mon quota de pas avant la grande pause.

Le bulletin météo est arrivé. Pas de vent devant, il faut descendre.

Jusqu’ou? Pas très clair… 14°N… Le ponton se tâte. Beaucoup préfèrent attendre une tendance plus affirmée de l’établissement des Alizées.

Moi, je partirai demain. J’ai rendez-vous en Martinique le 26/12.

Récit 2016-11-24: Ready?

J’ai trouvé une bonne boulangerie!

Tous les voisins de pontons se tâtent. Partir? Attendre? La météo est très incertaine et toute la flotte de l’ARC est à l’arrêt en plein milieu…

Demain, l’un des voisins va recevoir une prévision de la Marine Nationale. Du sérieux donc.

J’attends, je fais mon marché, je cherche des filets pour conserver les fruits et légumes. Tout le monde le fait… çà doit être bien.

Récit 2016-11-23: Seul!

La nuit porte conseil dit-on. J’ai donc laissé la machine tourner en roue libre hier soir. Régardé un bon film et dormi du sommeil du juste.

Résultat au réveil. Je me sens un peu perdu là, tout au bout du nez de l’Afrique, les pieds dans le vide avec l’Antartique en dessous. Quatre possibilités:

  1. Mister X débarque in fine et nous partons à deux comme prévu;
  2. Je trouve un ou plusieurs autres équipiers pour la traversée;
  3. Je fais demi-tour;
  4. Je pars seul.

Je vais considérer ces quatres options pendant la journée et en fin de journée, comme un vieux mainframe de la pré-histoire cracher la réponse. Quelle que soit l’option considérée, il y a un tas de choses à faire.

  • Aérer le bateau et son contenu (literie et vêtements)
  • Envoyer le linge sale au service de lessive de la marina (au final pas cher et bien fait)
  • Vérifier le niveau d’huile du saildrive, la tension de courroie d’alternateur, l’état de l’impeller, le liquide de pilote auto,  le niveau de liquide des batteries (4 services, 1 moteur), l’état des fonds.
  • Etudier la possibilité de déconnecter les deux écrans de contrôle NSS7 dont je n’ai pas besoin et qui consomment du courant.
  • Nettoyer les coffres arrières.
  • Faire l’état des réserves de nourriture. Bien entendu, si je traverse seul, avec un 45 pieds, je ne risque pas d’être à l’étroit même si je stocke de quoi vivre 6 mois [Guide Tech Nourriture et boissons].

Et tombe la nuit, et le moment de prendre une décision:

  1. Je ne compte plus sur l’arrivée de X.
  2. Je ne veux pas embarquer des équipiers. C’est une solution facile car même s’ils sont plus nombreux dans les Canaries (plus de bateaux, plus facile aussi de faire demi-tour si celà ne marche pas), il y a des “bateaux-stoppers” à Mindelo. Mais je ne suis pas très enthousiaste à l’idée de me retrouver avec un équipage inconnu à bord. En terme de règlementation maritime, les choses (si je ne me trompe pas) sont simple: le capitaine est responsable de tout et de tous. Si la Douane trouve de la drogue à bord, en prison; si l’un des “invités” passe par dessus bord et meurt, en prison, si… en prison! Bon, je ne veux pas dramatiser mais il y a là un risque.
  3. Je ne veux pas faire demi-tour. Si je le faisais, je ne sais pas quand je pourrais revenir. De plus, il y a 1500 miles de mer contre les vents dominants pour remonter vers Gibraltar. Au moins 20 jours de navigation en solo, alors que vers les Caraïbes, 15 jours avec les vents portants. Au fond, c’est plus simple d’y aller.
  4. Bon, ben, j’y vais!

Récit 2016-11-22: Seul?

Ce soir Olivier prendra l’avion pour remonter vers le Nord

Nous avions caressé l’idée de faire un saut sur l’île voisine (Santo Antao) avant son départ mais lorsque nous arrivons au terminal des ferrys, nous apprenons que le bateau du matin est déjà parti. Et le suivant ne nous laisserait que 2 heures sur place avant de devoir prendre le ferry de retour pour rentrer à Mindelo (île de Sao Vicente)… Dommage. On en profite pour faire une longue marche sur les hauteurs qui entourent la ville.

Mon ami X. ne me rappelle pas… Je commence à réaliser que je vais me retrouver seul pour faire cette traversée!

Olivier m’envoie un cliché clin d’oeil de l’aéroport.

Bon, lui est sur les rails. Plus que moi…

Je commence le planning des préparations pour la traversée… en solo.