La nuit est tombée et comme chaque soir, de manière routinière, je vérifie l’état des fonds. Normalement, je me contente de regarder le puisard au centre du bateau. C’est vers là que toute l’eau est rassemblée car tous les compartiments de la coque sont connectés et c’est l’endroit le plus bas du bateau. Rien à signaler.
Comme à la Gomera j’ai changé le filtre et vidangé l’huile moteur, je vais, sous l’escalier de descente du cockpit, vérifier l’état du compartiment qu ise trouve sous le moteur. Pour des raisons écologiques (éviter qu’un débordement d’huile ou de liquide de refroidissement soit expulsé à la mer par la pompe de calle), celui-ci est indépendant et isolé.
Et il est plein d’eau!
Je goûte (si, si, c’est comme celà qu’on fait)… salée.
Glups!
Bon, ce n’est pas critique, il n’y a qu’une dizaine de litres mais de une, je ne sais pas si cette invasion va se poursuivre et à quel rythme, et de deux, je n’arrive pas à comprendre pourquoi j’ai de l’eau là et pas ailleurs. Entre La Gomera et El Hierro, il est vrai qu’on s’est fait un peu chahuter mais le moteur ne fonctionnait pas. Donc comment l’eau de mer aurait-elle pu remonter par les tuyaux d’échappement jusqu’à se déverser là? C’est un mystère.
Et ce l’est resté.
Une fois l’eau évacuée (de l’intérêt de conserver les bouteilles et bidons plastiques pour pouvoir en couper de la forme exacte qui corresponde au besoin de moment), elle n’est plus jamais revenue. Ni cette nuit là, ni la suivante, ni jamais.
Et pourtant je l’attendais, moi!
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