Le soleil est couché depuis quelques heures et… la mouette revient.
Je ne peux évidemment pas être certain de la reconnaitre mais hier nuit lorsque je l’avais prise en main elle avait tenté faiblement de m’échapper. Et ce soir lorsque je la retrouve sous le banc de barre contre la toile qui couvre les jerrycans de carburants, je peux la prendre dans le creux de ma main sans même qu’elle se défende. Me reconnait-elle? Ou est-elle encore plus épuisée que la veille? En tous les cas chaque heure nous sépare un peu plus des îles du Cap Vert et je me demande quelles vont être ses chances de s’en sortir. Ce serait sympa si elle m’accompagnait jusqu’à la Barbade! Allez, on passe à table: un peu d’eau sucrée et des miettes de pain.
Au matin, elle est repartie sans prévenir! Le sentimentalisme humain n’a sans doute pas sa place dans la Nature. Bye la Mouette!
Troisième jour.
Thème du jour: l’électricité. Retour à un thème vital.
J’ai remarqué hier que mes prévisions en terme d’énergie étaient mise à mal par la nébulosité plus importante que prévue sous ces latitudes. Je vais écrire une page Guide Tech sur la question.
10:30 Encore du monde! Cette fois c’est ma ligne pêche qui m’alerte. Je remonte la prise et me retrouve propriétaire d’un belle touffe d’algues. C’est l’apparition des sargasses? Après trois incidents similaires, je remonte définitivement ma ligne de pêche et ne laisse plus à l’eau que la ligne de survie (50m de 6mm avec grand noeud de chaise au bout). De temps en temps je la remonte pour la nettoyer car même sans hameçon, les algues s’accrochent au bout et celà me ralentit (de 0,02 noeuds? Sur 2200 miles, 2 heures de retard à l’arrivée…).
Et vers le Sud, un bateau passe. En route vers le Brésil peut-être.
Pas d’AIS, donc pas d’identification, je ne saurai jamais comment il s’appellait. Au début de ma vie de marin, je faisais volontier un détour pour voir de plus près les bateaux voisins. Mais avec le temps, comme personne d’autre ne le faisait, j’ai cru comprendre que ce n’était pas “l’étiquette”. Et puis il est vrai que sur l’eau ce n’est pas toujours aussi simple qu’il parait. Il n’y a que dans les films de pirates que les bateaux se rattrappent en un clin d’oeil. Dans la réalité, si je voulais croiser ce bateau il me faudrait changer de cap (donc rallonger ma route) pendant plusieurs heures et ensuite refaire le chemin perdu.
Bref, bye-bye.
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