La nuit porte conseil dit-on. J’ai donc laissé la machine tourner en roue libre hier soir. Régardé un bon film et dormi du sommeil du juste.
Résultat au réveil. Je me sens un peu perdu là, tout au bout du nez de l’Afrique, les pieds dans le vide avec l’Antartique en dessous. Quatre possibilités:
- Mister X débarque in fine et nous partons à deux comme prévu;
- Je trouve un ou plusieurs autres équipiers pour la traversée;
- Je fais demi-tour;
- Je pars seul.
Je vais considérer ces quatres options pendant la journée et en fin de journée, comme un vieux mainframe de la pré-histoire cracher la réponse. Quelle que soit l’option considérée, il y a un tas de choses à faire.
- Aérer le bateau et son contenu (literie et vêtements)
- Envoyer le linge sale au service de lessive de la marina (au final pas cher et bien fait)
- Vérifier le niveau d’huile du saildrive, la tension de courroie d’alternateur, l’état de l’impeller, le liquide de pilote auto, le niveau de liquide des batteries (4 services, 1 moteur), l’état des fonds.
- Etudier la possibilité de déconnecter les deux écrans de contrôle NSS7 dont je n’ai pas besoin et qui consomment du courant.
- Nettoyer les coffres arrières.
- Faire l’état des réserves de nourriture. Bien entendu, si je traverse seul, avec un 45 pieds, je ne risque pas d’être à l’étroit même si je stocke de quoi vivre 6 mois [Guide Tech Nourriture et boissons].
Et tombe la nuit, et le moment de prendre une décision:
- Je ne compte plus sur l’arrivée de X.
- Je ne veux pas embarquer des équipiers. C’est une solution facile car même s’ils sont plus nombreux dans les Canaries (plus de bateaux, plus facile aussi de faire demi-tour si celà ne marche pas), il y a des “bateaux-stoppers” à Mindelo. Mais je ne suis pas très enthousiaste à l’idée de me retrouver avec un équipage inconnu à bord. En terme de règlementation maritime, les choses (si je ne me trompe pas) sont simple: le capitaine est responsable de tout et de tous. Si la Douane trouve de la drogue à bord, en prison; si l’un des “invités” passe par dessus bord et meurt, en prison, si… en prison! Bon, je ne veux pas dramatiser mais il y a là un risque.
- Je ne veux pas faire demi-tour. Si je le faisais, je ne sais pas quand je pourrais revenir. De plus, il y a 1500 miles de mer contre les vents dominants pour remonter vers Gibraltar. Au moins 20 jours de navigation en solo, alors que vers les Caraïbes, 15 jours avec les vents portants. Au fond, c’est plus simple d’y aller.
- Bon, ben, j’y vais!
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