GuideTech 002: Naviguer de conserve

L’expression est ancienne, purement marine, ce n’est pas “de concert” mais bien “de conserve”. Suivre ensemble la même route sur mer avec la possibilité de se secourir.

Donc naviguer en équipe.
Quand j’ai appris que mon ami andalou ne pouvait m’accompagner pour cette première étape, l’idée de naviguer en solitaire mais en ayant un bateau ami à proximité me paraissait une bonne alternative en terme de sécurité!

Les arguments POUR:

  • C’est rassurant car c’est une sécurité indéniable dans certains cas de sinistre (pas celui de tomber par-dessus bord, on ne navigue pas collés et un homme qui tombe à la mer ne se voit guère dans le clapot…)
  • C’est pratique pour prendre enfin de photos de nos bateaux respectifs sous voile.
  • C’est stimulant et sans aller jusqu’à se la jouer “Régate”, cela rend plus attentif au réglage optimal du bateau.
  • Cela permet de se rendre des services entre bateaux (un bateau skippé par de bons pêcheurs m’a fourni du poisson frais, j’ai fourni plusieurs bidons de carburant à un bateau qui en manquait, j’ai fait un photo-reportage pour un marin qui n’avait jamais vu son bateau, naviguant sur l’océan, de l’extérieur, etc.).

Mais naviguer ensemble est moins simple qu’il n’y parait:

Allure synchrone

Il est difficile pour deux bateaux de naviguer à la même allure. Tant de choses les séparent. La taille du bateau, son poids, son architecture, l’étendue de sa “garde-robe” de voiles, la qualité des voiles, la compétence de l’équipage, le choix programme (ballade pour les uns, impératif décollage-avion pour les autres). Bref, si le plus rapide ne fait pas le sacrifice d’un peu de vitesse au profit du plus lent, c’est “mort” 😉

Naviguer à vue

Mathématiquement, l’horizon observé à 2 mètres de haut (moi assis dans le cockpit) se trouve à 4800m soit 2,6Nm et un mât de 20m doit être visible à 8,5Nm. En pratique, par beau temps, je vois un mât de 15m à 5 miles.
Surtout si le soleil éclaire les voiles. A contre-jour c’est déjà moins aisé.
La hauteur de la houle joue aussi un rôle troublant en faisant apparaitre puis disparaitre la cible.
Un peu de brume en prime et les choses se corsent…
Quand les conditions météo se dégradent, il est facile de perdre le contact. Dans un orage, à moins d’un mile déjà on ne se voit plus, or dans un orage, les voiliers font chacun de leur côté ce qu’ils peuvent dans des vents changeants et violents. On se sépare facilement de 2-3 miles en une demi-heure. Dans une tempête, je ne sais pas trop…
De nuit, par contre, on se voit presque aussi bien que de jour (quand les feux règlementaires fonctionnent bien).
Petite entorse aux règles, naviguer avec son feu de mouillage allumé permet une bien meilleure visibilité des voiliers qui ont leurs feux de position au niveau du pont (car ce feu est lui toujours situé en tête de mât!).

Au-delà de l’horizon

Entrent en lice les moyens de communication et de détection (VHF, AIS, Radar, BLU…).

  • La portée VHF (radio de bord classique et règlementaire) est dépendante de la qualité et de l’altitude de l’antenne. Typiquement, on peut espérer se parler à une distance de 15Nm.
  • L’AIS est une fonctionnalité numérique greffée sur la transmission VHF. Donc à priori sa portée est la même. Mais tout dépend… Par exemple, j’ai navigué avec un bateau dont l’antenne AIS qui avait été séparée de l’antenne VHF (qui peuvent être combinées) était fixée sur le balcon arrière, à 1,5m haut dessus de l’eau. Résultat : portée AIS d’environ 10 miles par beau temps. Pour compliquer les choses, ce bateau était seulement récepteur AIS, donc il me voyait puisque je suis équipé « émetteur/récepteur » mais moi je ne le voyais pas. Si nous avions tous deux été « récepteur », on se perdait de vue.
  • Le Radar, c’est la bouteille à encre ! Mon bateau est équipé dans radar 4G performant. Portée annoncée: 36Nm. En pratique, malgré des réglages attentionnés, réadaptés aux conditions de mer, je ne peux garantir la détection d’un voilier à plus de 3Nm. Désespérant. Mais, sacredieu, je n’ai pas dit mon dernier mot !!!
  • La BLU.
    Je n’ai pas, je ne sais pas… Et je ne connais qu’un plaisancier qui en dispose. Ah, oui, une précision, elle est éteinte ! 😉
  • Systèmes de communication satellitaire (Iridium & Co). Sans doute la dernière garantie pour pouvoir s’envoyer une position Lat-Long et faire une route de retrouvaille.

Bon bien entendu, en cas de détresse, on peut aussi envisager de tirer des fusées. J’ai un stock de fusées périmées que je conserve à bord comme backup. J’ai très envie d’essayer, cela fait de si jolie lumières… Mais c’est interdit !

Je ne suis pas sûr d’avoir bien couvert ce sujet riche… Mais l’heure de la publication sonne. Comme pour les autres pages « Guide Technique », je me permettrai de revenir et compléter, corriger, retravailler ce texte à la lumière de vos contributions !!!

2 Replies to “GuideTech 002: Naviguer de conserve”

  1. devinette:qu’est ce qu’un navigateur en conserve

    un navigateur de conserve
    hahahah DROOOOLE

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